Le tutorat est une pratique très ancienne de la formation à distance. Pourtant cette activité peut naturellement se réaliser en présence. Mais quelle que soit la modalité (même si à distance elle doit être beaucoup formelle et surtout formalisée) de nombreux travaux ont mis en exergue ce que l’on nomme désormais l’effet tuteur. Il apparaît clairement que cette activité permet au tuteur d’apprendre autant, si ce n’est plus, que le tutoré.

L’effet tuteur

L’effet-tuteur selon Barnier désigne le bénéfice personnel retiré par des apprenants qui apportent une aide. En sollicitant leur capacité à enseigner, à expliquer, le tutorat permet un apprentissage par la reformulation qui amène les apprenants-tuteurs à revisiter des connaissances, à les réorganiser, à mieux voir l’essentiel.

Ayant à apporter une aide, le tuteur produit des explications. Il est sollicité sur un plan « métacognitif », au niveau des fonctions régulatrices de l’action (capacités d’organisation, de contrôle, d’évaluation et de vérification). Il apprend à porter un regard critique sur ce qui est fait, à se distancier par rapport à sa propre manière de faire et à réfléchir afin de mieux agir.

Ainsi le tuteur est à même de tirer personnellement profit du guidage qu’il met en place dans la mesure où il est amené à développer une réflexion sur quelque chose qu’il est potentiellement capable de réaliser, à repenser une tâche par rapport aux moyens à mettre en œuvre pour qu’un autre y parvienne, et enfin à observer ce que fait l’autre afin de pouvoir apporter l’aide qu’il faut au moment opportun.

Pour Jacques Rodet, l’effet-tuteur permet de travailler les quatre axes du tutorat. D’abord sur le plan cognitif et celui du contenu via un travail de reformulation dans un vocabulaire commun qui nécessite de revisiter ses connaissances. Sur le plan méthodologique il permet le développement de nouvelles stratégies pédagogiques. Sur le plan affectif il permet le renforcement d’un sentiment d’efficacité et de motivation intrinsèque. Enfin sur le plan méta-cognitif il permet une « prise de distance » envers ses connaissances afin de les organiser différemment et donc un meilleur contrôle sur son propre apprentissage.